Nos chercheurs – Zoom sur… Nadège Nziza

Zoom sur… Nadège

Chercheur financé par la Fondation Arthritis depuis 2016.

IMG_20170505_092418Peux-tu te présenter à nos donateurs ?

Née au  Congo, j’ai vécu au Rwanda à partir de mes 6 ans. En grandissant, l’intérêt que j’avais pour le fonctionnement du corps humain devenait de plus en plus important. Je développais une véritable curiosité pour les physiopathologies ainsi que les moyens mis en œuvre par le corps humain pour y remédier.

C’est donc tout naturellement que je me suis orientée vers un parcours dans la recherche médicale. A 17 ans, je suis arrivée en Belgique pour y effectuer mes études universitaires en biochimie, biologie moléculaire et cellulaire. J’ai alors pu réellement me rendre compte des lacunes qui existent au niveau de la recherche au Rwanda, mais également de toutes les opportunités de développement que renferme ce pays.

Quel est ton parcours ?

J’ai décidé de poursuivre mes études avec un doctorat dans l’espoir d’acquérir les connaissances et la maturité nécessaires pour être impliquée dans le développement de projets de recherche au Rwanda. Etant très intéressée par les maladies qui touchent au système immunitaire, je me suis renseignée sur l’expertise de différents laboratoires en France. L’équipe du Dr. Florence Apparailly (Unité 1183 INSERM, Montpellier) qui est spécialisée dans l’étude des maladies inflammatoires ostéo-articulaires a particulièrement retenu mon attention. C’est donc au sein de cette équipe que j’ai commencé mon doctorat il y a un an, et ce grâce au financement reçu de la Fondation Arthritis.

Peux-tu nous en dire plus sur ton projet de recherche ?

Concrètement, mon projet de thèse porte sur les arthrites juvéniles, touchant les enfants de moins de 16 ans. Sans traitements rapides et adaptés, ces enfants développent des anomalies du développement osseux qui aboutissent à des retards de croissance et des malformations. Ces maladies autoimmunes sont mal comprises et souvent confondues avec des arthrites causées par des agents infectieux. Durant ma thèse, je vais donc tenter de mieux caractériser la physiopathologie des arthrites juvéniles et d’identifier des biomarqueurs afin de discerner les différents types d’arthrite. Une telle étude permettrait par la suite de proposer plus rapidement les approches thérapeutiques les plus adaptées possibles au type de pathologie.

Que souhaites-tu faire après ta thèse?

L’expérience que va m’apporter cette thèse me sera capitale pour mener à bien mon projet de développement de centres de recherche et de soins que je souhaite mettre en œuvre au Rwanda. Parallèlement, je souhaite entretenir des partenariats entre les pays du nord et les pays du sud afin de promouvoir des échanges de connaissance et de former des chercheurs rwandais avec l’aide d’experts en immunopathologie.

L’expertise de mon unité de recherche actuelle, déjà très fortement impliquée dans le développement d’instituts de recherche internationaux comme au Chili et en Équateur me sera d’une grande utilité. De plus, la collaboration de la Fondation Arthritis constituera une aide précieuse car ses actions vont au-delà du financement de doctorants en impliquant également un accompagnement dans la vie professionnelle. J’ai déjà reçu de précieux conseils quant à l’élaboration de mes projets après la thèse et j’ai eu l’opportunité, durant des rendez-vous organisés avec la Fondation, de prendre contact avec des chercheurs venant de plusieurs pays et ayant une expérience dans la direction de projet de recherche.

Lorsque l’on commence une thèse pour laquelle on s’investit entièrement, il est très facile d’oublier quelque peu sa vie privée. C’est ce qui m’est arrivé au début de mon doctorat. Je suis ensuite parvenue à trouver un équilibre entre mon travail au laboratoire qui me passionne et les sorties entre amis que j’avais laissées de côté. En effet, je me suis rendue compte que ces moments durant lesquels je me détache du laboratoire me permettent de revenir avec un regard neuf, et de poursuivre mes études avec un esprit reposé et détendu. A présent, je m’efforce de planifier mes manipulations de façon à pouvoir profiter de quelques week-ends pour voyager, découvrir de nouvelles villes, faire de la danse… En parallèle, je commence à organiser le projet sur lequel je souhaite travailler Rwanda. J’ai pris contact avec des directeurs de recherche qui sont sur place et, petit à petit, je vois les bases de ma future carrière se concrétiser en harmonie avec mes activités privées.

Nos chercheurs – Zoom sur… Mathieu Moncan

Zoom sur… Mathieu Moncan

Chercheur financé par la Fondation Arthritis depuis 2016.

Peux-tu te présenter à nos donateurs ?

Je m’appelle Moncan Matthieu et je suis en seconde année de thèse à l’Institut Imagine, dans le laboratoire d’Immunogénétique des maladies auto-immunes pédiatriques. Je travaille sur deux maladies auto-immunes : le Lupus Erythémateux Disséminé Pédiatrique et l’Arthrite Juvénile Idiopathique Systémique. Ces deux maladies peuvent avoir des origines complexes et variées qui sont difficiles à déterminer et très différentes chez chaque patient. Mon rôle est d’étudier les différentes origines génétiques possibles de ces maladies afin d’identifier un à un les mécanismes qui provoquent le développement de ces maladies inflammatoires.

 

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Pourquoi as-tu choisi de devenir chercheur ?

Mon choix du métier de chercheur est basé sur deux éléments principaux : mon attirance naturelle envers la biologie et ma volonté d’aider les personnes atteintes de maladies génétiques. Les patients atteints de ces maladies ne peuvent être guéris par des moyens conventionnels, le traitement qui leur est prodigué ne peut que diminuer leurs symptômes afin d’améliorer leur qualité de vie. J’ai donc souhaité devenir chercheur et me spécialiser en génétique afin de participer à l’identification et à la caractérisation des maladies génétiques humaines dans le but d’aider au diagnostic et au traitement des patients affectés par ces maladies génétiques.

 

Quel est ton parcours ?

J’ai réalisé une licence Sciences du Vivant à l’Université Paris 7 Diderot qui m’a permis d’entrer au Magistère Européen de Génétique. Grâce à cette formation j’ai pu me spécialiser en Immunologie Génétique ainsi que réaliser plusieurs stages en France et à l’étranger. Parmi eux, mon stage de M1 à l’hôpital St Jude Enfants Malades de Memphis aux USA, m’a permis de réaliser mes premiers pas dans l’étude de l’inflammation, et mon stage de M2 à l’Institut Imagine de Paris, dans l’équipe de Frédéric Rieux-Laucat, m’a introduit à la thématique des maladies auto-immunes à origine génétique. Aujourd’hui, grâce à un financement CIFRE obtenu avec l’aide de la Fondation Arthritis, je peux continuer le travail démarré dans ce laboratoire.

 

Pourquoi les rhumatismes ?

Plus que les rhumatismes c’est avant tout l’inflammation et l’auto-immunité qui sont responsables de mon choix, deux phénomènes qui sont au cœur du développement des maladies rhumatismales. L’inflammation est un phénomène activateur du système immunitaire qui provoque rougeur, chaleur, gonflement et douleur. Si l’inflammation en elle-même est un processus bénéfique qui aide le système immunitaire à s’activer afin de soigner son hôte, son activation sur le long terme peut pousser le système immunitaire à se retourner contre lui et provoquer la destruction de ses tissus comme observé dans le cadre des rhumatismes. Je m’intéresse donc au phénomène principal à l’origine de ces maladies rhumatismales et espère pouvoir participer à sa compréhension afin d’aider les patients atteints de ces maladies extrêmement handicapantes.

 

Peux-tu nous en dire plus sur tes projets de recherche ?

Je travaille sur deux projets fondamentalement différents mais dont les retombées scientifiques et thérapeutiques se rejoignent. Le premier projet, lié au lupus, est basé sur l’étude du lien entre le stress du réticulum endoplasmique et l’inflammation. Le réticulum endoplasmique est un compartiment cellulaire majeur dans la production et le contrôle qualité des protéines, les principaux effecteurs de la cellule. Lorsque le réticulum endoplasmique reçoit trop de protéines mal conformées et qu’il ne parvient pas à les réparer pour les rendre fonctionnelles, il active une réponse liée à l’inflammation. Mon objectif est de parvenir à déterminer si la maladie dont souffre nos patients provient bien du défaut dans la réponse au stress du réticulum endoplasmique dont ils sont porteurs à cause d’une mutation génétique.

Mon second projet, lié à l’arthrite, est basé sur l’étude du rôle de la pentraxine 3. Cette protéine aide les cellules immunitaires à faire la différence entre le soi (les cellules, molécules et protéines de notre corps) et le non soi (les bactéries, virus et molécules étrangères) afin de protéger la tolérance immunitaire. La tolérance immunitaire est le phénomène qui permet d’éviter que notre système immunitaire ne se retourne contre nous. Malheureusement, la tolérance immunitaire peut parfois être rompue et provoquer des maladies auto-immunes comme l’arthrite. Mon objectif ici est de déterminer si les mutations génétiques de la pentraxine 3 retrouvées dans nos patients atteints d’arthrite sont bien à l’origine de la maladie ou non et si oui, de déterminer précisément le mécanisme qui en découle.

Ces deux projets permettront de mieux comprendre les diverses origines des maladies auto-immunes et inflammatoires tels que les rhumatismes ; des maladies dont l’étiologie reste complexe et majoritairement indéterminée. Ils permettront de mieux classer les patients en fonction de l’origine de leur maladie, leur offrant ainsi l’accès à un traitement plus personnalisé et mieux adapté à leurs besoins.

L’équipe du Pr. Francis Berenbaum reçoit le prix de l’OARSI

Le Prix de l’OARSI

Il s’agit d’un prix prestigieux décerné chaque année depuis 1990 par l’OARSI (Osteoarthritis Research Society International), la seule société internationale de recherche sur l’arthrose qui comprend plus de 1000 membres.

Pour la toute première fois, cette année, ce prix a été obtenu par un Français.

Qui est le Professeur Francis Berenbaum ?

Professeur des universités, praticien hospitalier à l’université Pierre & Marie Curie Paris, le Pr Francis Berenbaum est responsable de l’équipe « Age-related joint diseases and metabolism”.
Il est également depuis plusieurs années membre consultatif du Conseil d’Administration de la Fondation Arthritis.

Depuis plus de 15 ans l’équipe du Professeur Berenbaum travaille sur les problématiques de l’arthrose via leur projet de recherche.

Depuis toujours l’équipe bénéficie du soutien de l’ARP puis de la Fondation Arthritis. Désormais ce projet est également soutenu par ROAD, réseau de recherche unique en son genre dans le domaine.

L’équipe de la Fondation Arthritis les félicite et est très fière de soutenir leur projet ambitieux !

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Nouvelles recommandations internationales

Entretien avec le Professeur Daniel Wendling

Professeur de Rhumatologie, Chef de Service au service de Rhumatologie, CHRU de Besançon

Spondyloarthrite & prise en charge

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La spondyloarthrite est une maladie inflammatoire chronique qui peut être sévère et invalidante, avec des manifestations cliniques diverses, les plus fréquentes étant les atteintes articulaires axiales et périphériques mais des atteintes non articulaires sont également possibles (maladie inflammatoire de l’intestin, uvéite, psoriasis…). La prise en charge de la spondyloarthrite, souvent multidisciplinaire, est difficile et le suivi de l’évolution de la maladie ainsi que l’évaluation de la réponse thérapeutique ont longtemps posé problème. Néanmoins, nos connaissances sur les spondyloarthrites sont en pleine évolution et les progrès sont remarquables autant sur le plan du diagnostic et du suivi de la maladie que sur le plan thérapeutique avec l’émergence des biothérapies et notamment les anti-TNFα.

Cette évolution continue et l’apparition régulière de nouveaux concepts et traitements ont incité les groupes de travail de l’ASAS (Assessment in Spondyloarthritis International Society) en collaboration avec la ligue européenne contre les rhumatismes EULAR (European League Against Rheumatism) à élaborer des recommandations pour la prise en charge en pratique de patients atteints de spondyloarthrite, sous forme d’une mise à jour à partir des données récentes de la littérature et des recommandations internationales préalables.

Ces recommandations, ASAS-EULAR 2016, ainsi actualisées, offrent au praticien un cadre global guidant la prise en charge de la spondyloarthrite en pratique courante. Récemment, Daniel Wendling et Clément Prati ont repris et discuté l’essentiel de ces mises à jour dans la prestigieuse revue Nature Reviews Rheumatology (1, 2) parue en Février dernier, ils   argumentent l’apport de ces recommandations ainsi actualisées sur la stratégie de prise en charge et discutent les questions qu’elles suscitent.

Pour en savoir plus sur l’actualité médicale de la spondyloarthrite et sur les nouvelles recommandations dans la prise en charge de la maladie, nous sommes allés à la rencontre du Pr Daniel Wendling, Professeur de Rhumatologie, Chef de Service au service de Rhumatologie, CHRU de Besançon, chercheur et spécialiste de la spondyloarthrite.

 

Interview du Professeur

A qui s’adressent les recommandations internationales ASAS-EULAR 2016, objet de votre publication dans Nature Reviews Rheumatology ?

Ces recommandations s’adressent principalement aux professionnels de la santé notamment les médecins rhumatologues qui vont prendre en charge les patients. Mais également, un peu en cascade, elles vont bien évidemment intéresser les décideurs et les autorités de santé parce que ça permet aussi, à côté des AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), de justifier l’utilisation de tel ou tel traitement. Le prescripteur applique ainsi les AMM et les recommandations internationales. Ces recommandations sont donc très largement diffusées dans la littérature spécialisée, lors des différents congrès européens et américains, elles sont reprises dans les revues de diffusion, les revues médicales dans le sens large du terme…en vue d’être accessibles, internationalement, à tous les praticiens.  Il faut savoir qu’il y a aussi des recommandations françaises, les dernières ont été élaborées en 2013 et publiées en 2014. Elles vont être mises à jour au courant de l’année 2017 et vont donc prendre en compte certains aspects des recommandations internationales l’ASAS-EULAR 2016.

Rencontres d Experts en Rhumatologie 4septembre 2015
Professeur Daniel Wendling

Quel est, selon vous, l’apport majeur de ces recommandations ASAS-EULAR 2016 par rapport aux recommandations antérieures ?

Tout d’abord, ces nouvelles recommandations, contrairement à celles de 2011, concernent l’ensemble des spondyloarthrites axiales c’est-à-dire aussi bien la spondyloarthrite ankylosante, objet des recommandations de 2011, mais également toutes les autres formes qu’on appelait avant les spondylarthropathies et qui regroupent les rhumatismes psoriasiques, les rhumatismes associés aux entérocolopathies les arthrites réactionnelles, certaines formes de spondyloarthrite juvénile…Il faut noter que, les recommandations de la société française de rhumatologie de 2014 envisageaient déjà ces formes là puisqu’elles ont été élaborées en fonction des différentes présentations phénotypiques et non pas de la classification usuelle uniquement.

Concernant le suivi de l’activité et de l’évolution de la maladie, ASAS-EULAR 2016 recommandent l’utilisation du score ASDAS. Opérationnel, plus performant que le BASDAI* , il permet de suivre et d’adapter la prise en charge de la maladie. Cependant, il n’existe toujours pas de consensus autour d’une définition claire du terme rémission dans la spondyloarthrite. Même si le score ASDAS permet de mesurer l’activité de la maladie, d’autres dimensions telles que la reprise d’une activité normale, l’autonomie, la pratique d’une activité sportive, la participation sociale des patients atteints de spondyloarthrite… pourraient être pris en considération.

Les recommandations internationales de 2016 évoquent également la difficulté de diagnostiquer les spondyloarthrites. En effet, le diagnostic se fait actuellement sur la base d’un faisceau concordant d’arguments : les antécédents, l’histoire de la maladie, les éléments d’imagerie, les éléments cliniques et biologiques dont on dispose…Mais, l’identification d’un argument de diagnostic précoce déterminant reste un enjeu important pour les années futures.

A ce sujet, vous suggérez une possible corrélation entre diagnostic précoce et meilleure réponse aux traitements, quels arguments en faveur de cette hypothèse ?

Oui. Il est en effet possible que l’effet global du traitement soit plus important lorsque ce traitement est mis en place précocement comparativement à un traitement mis en place plus tardivement.  Quelques arguments indirects montrent que si on traite le patient avant qu’il n’y ait de modifications radiographiques, on peut, très tôt, contrôler l’inflammation et en conséquence empêcher l’apparition de ces atteintes radiographiques. Nous avons aussi des données dans la littérature qui indiquent que les formes récentes de la maladie ont un pourcentage de réponse, notamment aux anti-TNF, meilleur que celui des formes qui évoluent depuis plus longtemps.

Pour revenir aux recommandations internationales de 2016, quelles sont les nouveautés quant à la prise en charge de la spondyloarthrite axiale ?

L’enrichissement de l’arsenal thérapeutique d’abord, avec l’arrivée des anti-IL-17A**, proposés comme nouvelle option thérapeutique dans ces recommandations de 2016. Il reste par contre la question du positionnement de l’anti-IL-17A** parmi tous les traitements déjà existants. Pour l’instant, les recommandations internationales préconisent l’utilisation de l’anti-TNF en première ligne puis des anti-IL-17A en 2ème ligne et en cas de non réponse aux anti-TNF. Cette recommandation est également celle de la commission de transparence en France pour la prise en charge de la spondyloarthrite axiale.

Une thérapie combinée est-elle envisagée ?

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Pour l’instant non.  Il  existe des études, encore très préliminaires, d’utilisation combinée d’anti-TNF + anti-IL17A sur un double anticorps qui cible en même temps les deux cytokines mais uniquement dans les rhumatismes psoriasiques.

Une médecine personnalisée permettrait de proposer le traitement le plus adapté au profil de chaque patient, qu’est-il pour les spondyloarthrites : médecine du futur ou est-ce déjà une réalité ?

Plusieurs pistes pour l’identification de paramètres de prédiction de réponse aux traitements sont d’ores et déjà mises en exergue. Par exemple, il est clairement démontré  que maladie récente, sujet jeune, taux de CRP élevé,  IRM inflammatoire et HLAB27 positif sont des éléments associés à une meilleure réponse aux traitements anti-TNF. De même, nous savons aujourd’hui que tabagisme et surpoids sont associés à une moins bonne réponse. Tous ces éléments vont pouvoir permettre d’orienter les médecins rhumatologues dans la prescription d’un traitement adapté au profil du patient. D’autres facteurs prédictifs de réponse sont également en cours d’évaluation. Des études en cours visent à établir un profil immunogénétique des patients (par exemple sur la base des variants du gène du récepteur du TNF) ou à évaluer les modifications du profil de cytokines sous traitement, et d’en rechercher une corrélation ou valeur prédictive d’une bonne réponse au traitement. Les résultats sont pour l’instant très préliminaires et pas tellement concordants mais représentent une piste intéressante à creuser.

Quel est l’enjeu majeur des prochaines années pour guérir la spondyloarthrite ? Quels sont les principales thématiques de vos futurs travaux de recherche ?

Un enjeu majeur pour les chercheurs reste celui d’identifier un nouveau marqueur biologique fiable et déterminant pour le diagnostic précoce qui permettra une meilleure prise en charge et une meilleure réponse aux traitements. Un nouveau marqueur est en cours d’exploration par des équipes allemandes : l’anti-CD74. Même s’il n’est pas encore validé à grande échelle, l’anti-CD74 est évalué depuis trois ans et les résultats sont très prometteurs. Nous avons aussi besoin aujourd’hui de pouvoir suivre, plus précisément, l’activité de la maladie et la réponse des patients aux traitements. Le facteur biologique de l’inflammation utilisé actuellement, la CRP, est très utile mais toujours pas suffisamment sensible puisqu’il arrive d’observer une CRP normale par exemple chez des patients qui  présentent un indice BASDAI élevé. Progresser dans l’identification de facteurs prédictifs de réponse est nécessaire pour l’optimisation de l’utilisation de traitements de pointe et pour gagner en efficacité.

Quant au traitement de la spondyloarthrite, la recherche avance et les options thérapeutiques ne cessent de s’enrichir. L’utilisation d’anti-IL23 par exemple est en cours d’évaluation. Depuis peu, des inhibiteurs des protéines kinases JAK *** (Janus Kinases) ont démontré leur efficacité dans les formes axiales de spondyloarthrites ; ils pourraient être développés prochainement et renforcer ainsi l’arsenal thérapeutique disponible.

Dans notre laboratoire, nos travaux de recherche actuels visent à définir un lien clair entre intestin et spondyloarthrite. Ce lien a fait l’objet de plusieurs études que nous avons parcouru dans une récente revue (4). Nous avons par exemple des preuves qui démontrent clairement une corrélation entre les modifications du fonctionnement immunologique de l’intestin et l’évolution et l’activité de la spondyloarthrite. Certaines bactéries présentes dans les intestins peuvent induire une production d’IL-23 et des réponses inflammatoires locales. Cette découverte suggère que la modification du microbiote intestinal peut constituer une nouvelle approche pour moduler  l’immunologie intestinale. L’alimentation pourrait également avoir un rôle dans l’évolution de la maladie de par son implication dans le microbiote et l’équilibre intestinal, des études sont en cours pour confirmer ces hypothèses.

Ainsi tous ces liens établis entre intestin et spondyloarthrite devraient être pris en compte lors de l’évaluation et de la prise en charge de la spondyloarthrite. Ces recherches sur l’implication intestinale suggèrent de nouvelles approches de traitement de la spondyloarthrite en perspective.

 

Définitions et informations complémentaires

 

* Le BASDAI (Bath Ankylosing Spondylitis Disease Activity Index)

Le BASDAI est un questionnaire élaboré dans le but de calculer l’index d’activité de la spondyloarthrite. Ce score, outil de suivi standardisé des spondyloarthrites ankylosantes, permet aux praticiens l’évaluation de l’activité de la maladie et l’appréciation globale du patient, à chaque consultation. Le score ASDAS (Ankylosing Spondylitis Disease Activity Score), plus performant que le BASDAI, regroupe différents paramètres d’évaluation de l’activité de la maladie et introduit un élément de suivi objectif avec la mesure de la protéine C-reactive (CRP), marqueur biologique précoce de l’inflammation.

** L’axe des interleukines IL23/IL-17A dans les spondyloarthrites.

Dans les conditions physiologiques, L’IL-23 (Interleukine 23), une cytokine  proinflammatoire,  est secrétée pour stimuler la réponse des cellules de l’immunité Th17 en réponse à certaines infections. Chez les patients atteints de spondyloarthrite, l’IL23 déclenche une activité pathologique des cellules Th17 induisant des taux d’IL-17, notamment  dans le liquide synovial, anormalement élevés. Ces découvertes ont abouti à une mise en application clinique et  les derniers essais de phase 3 ont permis de démontrer l’efficacité de l’utilisation de l’anticorps monoclonal, secukinumab, anti interleukin-17A (anti-IL-17A), chez les patients résistants aux traitements anti-TNF. Les recommandations 2016 incluent donc l’anti-IL-17A parmi les options thérapeutiques dont disposent le médecin et le patient pour contrôler l’activité de la maladie.

*** Janus Kinases (JAK)

La transmission du signal de certaines cytokines (comme l’interleukine 23) implique les protéines JAK (Janus kinases) et les transducteurs de signaux et activateurs de transcription appelés STAT (signal transducers and activators of transcription). En effet, à l’arrivée du signal de l’interleukine 23, par exemple,  à la membrane plasmique, les protéines STAT au repos dans le cytoplasme sont phosphorylées par les tyrosine-kinases JAK (Janus kinases). Elles se rassemblent alors en dimères et migrent dans le noyau où elles stimulent la transcription de gènes cibles spécifiques. Ainsi, les voies de l’inflammation liée à la spondyloarthrite sont activées. Ainsi l’inhibition des molécules JAK représente aujourd’hui une nouvelle approche de traitement de l’inflammation chronique. Plusieurs études testent l’efficacité de ces inhibiteurs dans les spondyloarthrites, avec des résultats prometteurs.

 

Bibliographie

  1. Spondyloarthropathies: Fine tuning the management of axial spondyloarthritis. Wendling D, Prati C. Nat Rev Rheumatol. 2017 Apr;13(4):199-200
  2. Van der Heijde, D. et al. 2016 update of the ASAS-EULAR management recommendations for axial spondyloarthritis. Ann. Rheum. Dis. http://dx.doi.org/ 10.1136/annrheumdis-2016-210770 (2017).
  3. Autoantibodies against CD74 in spondyloarthritis. Baerlecken NT, Nothdorft S, Stummvoll GH, Sieper J, Rudwaleit M, Reuter S, Matthias T, Schmidt RE, Witte T. Ann Rheum Dis. 2014 Jun;73(6):1211-4.
  4. The gut in spondyloarthritis. Wendling D. Joint Bone Spine. 2016 Jul;83(4):401-5.

 

 

 

Nos chercheurs – Zoom sur… Agathe Leblond

Zoom sur… Agathe Leblond

Chercheur financé par la Fondation Arthritis depuis 2016.

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Peux-tu te présenter à nos donateurs ?

Je suis actuellement en première année de thèse à l’Institut Cochin à Paris. Mes travaux de recherche sont axés sur la polyarthrite rhumatoïde. Je cherche à comprendre le rôle d’une protéine dans la formation des nouveaux vaisseaux sanguins dans le contexte de cette maladie. Ce projet est rendu possible grâce à un financement accordé par la Fondation Arthritis.

Pourquoi as-tu choisi de devenir chercheur?

Depuis l’enfance je suis passionnée par la biologie, la médecine et les sciences du vivant ce qui m’a poussé à entreprendre des études en biologie après mon bac.

Quel est ton parcours ?

J’ai effectué une licence Sciences du Vivant à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris. Par la suite je me suis dirigée vers un Master spécialisé en physiologie et physiopathologies.  Puis j’ai décidé d’effectuer mon stage de fin d’études dans une équipe de recherche travaillant sur la polyarthrite rhumatoïde et la sclérodermie systémique dirigée par le Pr Yannick Allanore et sous l’encadrement du Dr Jérôme Avouac.  Après l’obtention de mon diplôme de Master 2, j’ai obtenu un financement de thèse CIFRE de 3 ans soutenu par la Fondation Arthritis afin de continuer les travaux de recherche que j’avais entrepris en Master 2.

Pourquoi les rhumatismes?

J’ai fait le choix de travailler dans le domaine des rhumatismes pour participer au développement de la recherche dans cette spécialité du fait que ce sont des maladies mal connues du grand public malgré leur incidence sur la population générale. Par ailleurs, ce sont des pathologies multifactorielles et complexes qui nécessitent des connaissances variées.

Peux-tu nous en dire plus sur ton projet de recherche ?

Mes travaux de recherche sont accès sur la néoangiogenèse dans la polyarthrite rhumatoïde. En effet cette pathologie est composée d’une phase inflammatoire qui est suivie par une phase vasculaire avec l’apparition de nouveaux vaisseaux qui vont alimenter l’inflammation au niveau des articulations. Pour ma part, je cherche à comprendre les mécanismes sous-jacents dans cette formation de nouveaux vaisseaux et plus particulièrement le rôle d’une protéine spécifique (SIRT-1) afin de pouvoir au long terme trouver des nouveaux traitements ciblant la phase vasculaire de la polyarthrite rhumatoïde.

Merci Agathe

L’Université des patients

Le concept expliqué par sa Fondatrice,

400x400-ctPr. Catherine Tourette-Turgis MCU-HDR Directrice du Mas- ter Éducation Thérapeutique du Patient UPMC Sorbonne-Universités, Paris, et Chercheur au centre de recherche sur la formation du Cnam Enseignante à l’école des Hautes Études en Sciences Sociales.

« C’est une première dans le monde universitaire en France. L’Université des patients est un dispositif pédagogique innovant qui consiste à intégrer dans les parcours universitaires diplômants en éducation thérapeutique des patients-experts issus du monde associatif. L’université Pierre et Marie Curie par le biais de sa fondation abrite ce projet qui inclut environ 20% par an de patients experts dans les diplômes dont j’assure la responsabilité pédagogique. Nous avons commencé en 2009 et à ce jour, nous avons plus de 90 patients qui suivent ou ont suivi nos cursus diplômantes et nos certificats universitaires. »

Témoignage de patients

« Je considère l’Université des Patients comme étant une chance considérable de transformer la maladie en acquis d’expérience. C’est un moyen de reprendre confiance en soi, de se situer à nouveau dans la société pour en faire partie et non plus se sentir en marge. Cela m’a permis de rencontrer des personnes brillantes, d’une rare générosité, simples et accessibles bien que très diplômées, connues et reconnues, qui tirent les étudiants vers le haut pour leur faire découvrir leur potentiel et les faire grandir. »

Dans cet esprit, la Fondation Arthritis souhaite intégrer autant que possible les patients dans les processus de recherche.

 

Pour en savoir plus : http://www.universite- despatients.org

 

Microbiote intestinal et inflammation articulaire

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A la rencontre du Pr. Dirk Elewaut

Vous étudiez le rôle de l’inflammation intestinale comme source de l’inflammation articulaire dans la spondylarthrite. Quels sont les mécanismes ciblés par vos recherches ?

Nous concentrons nos recherches sur la relation entre le microbiote, le système immunitaire et l’apparition de la maladie. Nous avons déjà montré que 50% des patients atteints de spondylarthrite pré- sentent une inflammation du microbiote intestinal sans signe clinique, et nous avons des preuves que des modifications du microbiote intestinal sont liées à la sévérité de la maladie. L’inflammation intestinale est aussi reliée à une plus forte inflammation de la colonne vertébrale et à l’évolution de la spondylarthrite et de la maladie de Crohn. En nous focalisant sur l’inflammation microscopique du microbiote intestinal, nous espérons mettre à jour des évènements précoces de la pathogénèse de la spondylarthrite.

 

Quels sont les objectifs de vos recherches sur la spondylarthrite ?

Nos objectifs sont de comprendre l’immuno-biologie de la maladie et d’essayer de transformer cette connaissance en meilleurs tests diagnostiques ou en traitements plus efficaces.

 

Quelle est votre stratégie pour amener votre découverte jusqu’aux patients ?

Cela dépend du résultat de nos recherches et de la possibilité de les appliquer. Certains de nos résultats ont été testés dans de nouvelles études cli- niques par exemple ; c’est une des façons de les transférer jusqu’aux patients.

 

Comment se placerait votre future application parmi les traitements déjà existants ?

Dans l’état actuel de nos connaissances, il est difficile de le prédire. Les traitements ciblant le microbiote intestinal pourraient probablement être envisagés comme stratégie thérapeutique complémentaire aux traitements existants, mais il est encore trop tôt pour en juger. Cela pourrait aussi dépendre du stade d’avancée de la maladie.

 

Où en êtes-vous aujourd’hui en termes de déve­loppement ?

Notre recherche est en phase préclinique. Cepen­dant, nous travaillons toujours avec une approche translationnelle. En effet, nous utilisons des échan­tillons provenant de patients et nous réalisons des études mécanistiques ex vivo et in vivo.

 

Quelle est la prochaine étape de votre travail ?

Nous voyons plusieurs voies de développement de nos recherches, à travers des collaborations internationales par exemple, comme dans le projet MIRIAD financé par la Fondation Arthritis. Au final, notre objectif est de transférer nos résultats dans des études cliniques chez l’homme.

 

Pour en savoir plus :
http://www.vib.be/en/research/scientists/Pages/Dirk-Elewaut-Lab.aspx

 

Focus sur Metagenopolis

Un objectif

-> Mener la recherche de demain et ouvrir de nouvelles voies d’analyse des relations de l’hôte avec notre second génome, la communauté microbienne qui vit en symbiose avec nous.

Metagenopolis est un projet de démonstrateur pré-industriel financé par le pro- gramme français des Investissements d’Avenir dont l’objectif est de démontrer l’impact du micro- biote intestinal humain sur la santé et les maladies, en ayant recours à la métagénomique quantitative et fonctionnelle.

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La caractérisation du microbiote intestinal humain permet d’étudier ses variations selon le type de population, le génotype, les maladies, l’âge, les habitudes alimentaires, la prise de médicament et l’environnement.

Cette approche offre ainsi la possibilité de le modifier afin d’améliorer la santé et le bien-être de chaque individu. L’être humain vit en constante association avec des microbes qui sont établis à la surface et à l’intérieur de notre corps, et même à l’intérieur des cellules. Ces microbes sont 10 fois plus nombreux que nos propres cellules et le nombre de gènes présents dans les génomes microbiens est au moins 100 fois plus grand que celui de notre propre génome. Les perturbations de ces communautés microbiennes, à la fois complexe et dynamique et en interaction avec les cellules de l’hôte, sont des facteurs significatifs dans de nombreuses maladies. La meilleure compréhension de ce micro-biote peut avoir des applications diverses : par exemple, le développement de traitements basés sur la stratifcation des patients entre bons et mauvais répondeurs, ou la mise au point de probiotiques ou d’anti-infammatoires.

Metagenopolis a donc développé un Centre d’Excellence en méta génomique de l’intestin humain dédié à la recherche translationnelle et aux besoins de la communauté scientifique. Ce centre participe au projet MIRIAD, sur l’étude du microbiote dans la spondylarthrite et la polyarthrite rhumatoïde, porté par le Pr Maxime Bréban, et récemment initié par la Fondation Arthritis.

Pour en savoir plus : http://mgps.eu

« Médecine régénérative : c’est déjà demain ! »

Le célèbre magazine « We Demain » de Mars 2017 a rédigé une double page sur la Fondation Arthritis et le projet ROAD qu’elle finance.

Découvrez ci-dessous la double page sur la Fondation Arthritis et principalement le projet ROAD « Research on OsteoArthritis Diseases », article extrait du Magazine « We Demain » Mars 2017.

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rédac

La météo, les rhumatismes et vous

N’avez-vous jamais entendu quelqu’un dire : « il va pleuvoir, j’ai des rhumatismes » ?

En effet, il semble que les fac­teurs environnementaux et en particulier la météo puissent influencer les rhumatismes, notamment la douleur res­sentie par les patients. Pour investiguer cette hypothèse, au quotidien, en vie réelle et par les patients eux-mêmes, une étude de 18 mois a été lan­cée récemment en Angleterre par le Labora­toire d’épidé­miologie digitale de l’Université de Manchester. Plus de 9000 patients participent déjà.

Afin d’atteindre la puissance statistique nécessaire, Arthritis Research UK, qui soutient cette ini­tiative, encourage tous les patients à prendre part à l’étude. Via une application connectée, vous pou­vez entrer vos symptômes (ex : douleur) qui seront automatique­ment enregistrées et corrélées aux données météo locales en temps réel.

Pour votre information, vous pou­vez explorer les données globales et individuelles anonymisées, y compris les vôtres. Comme simple citoyen, vous pouvez intervenir tel un « cher­cheur amateur » : c’est la Science citoyenne. Grâce à votre perspica­cité dans l’observation des don­nées consultables en ligne, vous pouvez proposer une hypothèse qui sera directement soumise aux chercheurs.

Toutes les données collectées et les hypothèses proposées les plus récurrentes sont ensuite analysées par les chercheurs pour décrire un résultat fiable sur le plan statis­tique.

Les premières analyses semblent effectivement montrer un lien entre l’ensoleille­ment et la dimi­nution de la dou­leur articulaire. Si à la fin de l’étude, ce lien est défini­tivement prouvé, les patients pourront planifier avec confiance leurs activités en fonction de la météo. De plus, une meilleure compréhension sur le plan phy­siologique de l’influence de la météo sur la douleur articu­laire pourrait guider les chercheurs vers de nouvelles voies thérapeu­tiques.

Avec une méthodologie similaire, la Fondation Arthritis prépare un pro­jet d’étude d’impact de la pollution aux particules fines sur l’inflam­mation dans les rhumatismes.

Pour en savoir plus : www.cloudywithachanceofpain.com

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