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Les femmes plus touchées par les maladies auto-immunes : la piste du chromosome X

Jean-Charles Guéry, chercheur financé par la Fondation Arthritis, a récemment mis en évidence un mécanisme corrélé à la plus grande susceptibilité des femmes à différentes maladies auto-immunes, notamment le lupus érythémateux systémique. Cette découverte nous éclaire sur l’origine de ces maladies et permet aujourd’hui d’envisager de nouvelles pistes thérapeutiques. Les travaux de recherche de Jean-Charles Guéry et son équipe viennent d’être publiés dans la prestigieuse revue scientifique « Science Immunology ».

Les femmes répondent plus vigoureusement aux infections que les hommes, mais sont également plus sensibles aux maladies auto-immunes. Ainsi, le lupus érythémateux systémique (LES) survient préférentiellement chez les femmes ou chez les hommes atteints du syndrome de Klinefelter*.
Pour mieux comprendre ce mécanisme, Jean-Charles Guéry et son équipe ont porté leur attention sur un gène en particulier : le gène TLR7. En effet, ce gène se trouve sur le chromosome X et joue un rôle clé dans l’immunité innée antivirale, mais il est également impliqué dans le déclenchement des pathologies inflammatoires chroniques. Lorsqu’il est sur-exprimé, TLR7 favorise le développement du LES chez la souris.

« Nous nous attendions à ce que, par le mécanisme d’inactivation du chromosome X les cellules expriment l’un ou l’autre des gènes TLR7, mais elles exprimaient en fait les deux », précise Jean-Charles Guéry. Cette expression de l’un et de l’autre des gènes TLR7, appelée expression biallélique, se retrouvait aussi bien chez les femmes que chez les hommes Klinefelter. Elle est associée à une meilleure réponse fonctionnelle des lymphocytes B, ce qui pourrait contribuer à la production d’auto-anticorps dans le LES.
« Outre la compréhension du LES et, plus largement, des maladies auto-immunes, ces résultats pourraient apporter aussi des enseignements pour d’autres pathologies auto-immunes impliquant TLR7 .
Nous allons maintenant poursuivre nos travaux afin d’évaluer s’il est possible de prédire la sévérité de la maladie en dosant l’expression de TLR7 dans les cellules de femmes lupiques » ajoute Jean-Charles Guéry.

Jean-Charles Guéry, PhD, Directeur de recherche INSERM
Group leader « Sex differences in Immunology »
Centre de Physiopathologie Toulouse-Purpan (CPTP), Inserm U1043, Université de Toulouse
Souyris M et coll. TLR7 escapes from X chromosome inactivation in immune cells. Science Immunology 2018 Jan 26;3(19). pii: eaap8855. doi: 10.1126/sciimmunol.aap8855.
* Syndrome de Klinefelted : Anomalie chromosomique caractérisée par la présence chez des sujets de phénotype masculin, d’un chromosome X supplémentaire.

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